L’ex-président Trump a été déclaré politiquement mort un tel nombre de fois qu’il est devenu difficile de hasarder le moindre pronostic sur le futur de ce zombi politique qui reçoit des balles de tous côtés et repart à l’attaque, plus vindicatif que jamais.
Pendant sa première campagne pour les primaires, il avait été lâché par le populiste New York Post pour avoir tenu d’inacceptables propos au sujet du républicain John McCain qui refusait de le soutenir. McCain, un des rares hommes politiques respectés dans les deux camps, n’était pas selon Trump un « héros » de la guerre du Vietnam, parce que les vrais héros « ne se font pas prendre », mais un « idiot » (dummy) et un loser. Rappelons qu’en 1967 l’avion piloté par M. McCain ayant été abattu, celui-ci a été fait prisonnier, puis torturé si gravement qu’il en a eu des séquelles pour la vie ; détenu dans le « Hilton de Hanoï », la terrible prison de Hoa Lo, M. McCain a eu l’occasion de se faire libérer et rapatrier dans son pays mais il a refusé tant que tous ses camarades n’étaient pas également libérés. Ce courage et cette dignité étaient incompréhensibles pour Trump qui avait choisi d’accabler un de ses critiques, faisant oublier que de report en report, il avait obtenu de ne jamais partir servir au Vietnam.
Il était alors politiquement mort, ce qui ne l’a pas empêché de vaincre ses adversaires républicains puis d’emporter son élection face à Mme Clinton grâce à un étrange système électoral qui fait que dans le régime présidentiel de « la plus grande démocratie du monde », ce n’est pas nécessairement le candidat ayant le plus de voix qui l’emporte sur son adversaire. Une campagne menée à coups de provocations et de mensonges a débouché sur une présidence de la même eau. Sa présidence chaotique, sa gestion erratique de la pandémie de Covid, les preuves répétées d’un comportement privé plus que douteux, des liens non moins douteux avec les intérêts russes et des « affaires privées » de toutes natures ne l’ont pas empêché de prendre en otage le parti républicain (celui de Lincoln, quand même). Trump s’est surtout constitué une base de « fans » si large qu’il a, ne l’oublions pas, failli être réélu contre M. Biden il y a cinq ans, obtenant dans sa défaite plus de voix que lors de sa victoire (74 millions au lieu de 65). Son attitude d’alors, il l’avait annoncée dès sa première campagne, déclarant que le seul résultat légitime serait sa victoire. C’est pourquoi, après sa défaite, ses accusations de fraude électorale massive, toutes dénuées de fondement qu’elles fussent, n’avaient rien de surprenant. M. Trump a franchi un cap supplémentaire en intervenant directement auprès d’élus locaux pour que des résultats soient changés en sa faveur ; non content, il a appelé ses partisans à l’insurrection. Sa responsabilité dans ces deux attaques contre les institutions est rappelée dans les actes d’accusation précis et détaillés qui viennent d’être établis contre lui. Dans ces conditions, il est inquiétant de constater qu’il mène largement dans les sondages le peloton des candidats républicains à l’élection de 2024 ; à deux exceptions près, ses concurrents n’osent pas l’attaquer, craignant de perdre son éventuel soutien ou celui de ses électeurs s’il est amené à se retirer de la course – ce qu’il n’a aucune intention de faire, utilisant même l’accumulation des charges contre lui comme des arguments de campagne prouvant qu’il est une « victime » du « système ». Avec tout ça, on passe de l’inquiétant à l’affolant en découvrant les premiers sondages d’un « rematch » contre Biden qui indiquent une élection serrée.
A l’heure (tardive) des décisions à prendre face au bouillonnement climatique, les États-Unis et le monde vont-ils être enfin débarrassés de Trump qui a donné tant de preuves de son mépris pour l’environnement et de sa soumission au lobby pétrolier? Hélas non ! les zombis ne meurent pas comme ça.