IMAGINE

1 août 2023

Imaginons donc.

Dans un futur proche, le monde est toujours dominé par trois pôles.
En Asie, la domination chinoise est plus forte que jamais – et le régime toujours plus autoritaire perfectionne face aux nouvelles technologies sa version moderne du capitalisme sauvage assisté par les machines de l’intelligence artificielle.

En Russie, contraint à se contenter du Donbass pour mettre fin à une guerre coûteuse, Poutine a conservé son pouvoir : la liberté d’expression est plus que jamais bâillonnée et la corruption à son comble.

En Amérique, Trump a été réélu pour deux mandats de plus.

En Europe, partout ont triomphé des alliances entre l’extrême droite et la droite classique.

En Turquie, Erdogan enchaîne les mandats.

Dans le nord de l’Afrique jusqu’au Moyen-Orient, dictatures, monarchies ou démocraties sont minées par l’islamisme et des guerres de clan.

Vers le sud du continent africain, des gouvernements de plus en plus instables génèrent des coups d’État militaires et des régimes autoritaires de transition.

Est-il possible d’imaginer tout cela à l’heure où le réchauffement climatique est devenu ébullition ?
Oui, il est possible d’imaginer un monde où les dirigeants font payer à leurs victimes les effets d’une évolution catastrophique. Les migrants chassés par le désespoir climatique ou économique ? À la baille ou dans des camps entourés de clôtures électrifiées en attendant qu’on étudie leurs dossiers !

Oui, il est possible d’imaginer un monde où sous prétexte de lutter contre le « dogme » écologiste on rouvre les centrales à charbon, on casse toutes les mesures de limitation à l’exploitation des ressources naturelles.

Oui, il est possible d’imaginer un monde où les tensions sociales, ethniques, religieuses, sont régulées non par le dialogue et les compromis, mais par la violence institutionnelle de la répression.

Oui, il est possible que  partout les outils du « progrès » soient utilisés à des fins de contrôle des individus et des foules.

Oui il est possible que partout dans le monde s’accomplisse cette blague prophétique : « Nous étions », déclare l’homme politique devant une foule en délire, « au bord du précipice. Et grâce à moi, nous avons fait un grand pas en avant. »

Vous me direz, follohoueurs, follohoueuses de mon coeur, que me voilà d’humeur bien noire.
Peut-être bien, mais pas que, car une petite voix me dit qu’en effet tout cela est possible, probable dans certains cas – mais pas inéluctable.

Chacun d’entre nous a le droit d’imaginer le pire – et aussi la possibilité, à son modeste niveau, de faire le petit peu à sa portée pour qu’il n’advienne pas.

Sur ce, bonne suite d’été à tous – et prenez pas chaud !