OFFICIEL : JE FERME LES ÉCOUTILLES

15 novembre 2021

D’après un ami sérieux, notre président M. Macron (loué soit Son Nom et que les bénédictions du Seigneur se répandent sur lui puis, par un trickle-down effect, un peu sur nous) n’a parlé que 27 minutes lors de sa récente intervention – au lieu des 40 qui sont sa moyenne. Il en est des interventions présidentielles comme des films : ce qui est court semble parfois affreusement long. Ces 27 minutes m’ont paru une purge de 1 h 27 au moins. Mon ami sérieux s’est, quant à lui, farci l’intégrale du débat des candidats de droite et il m’a confirmé ce dont je m’étais douté : c’était une purge d’un autre genre – mais une purge quand même. Il a beau être un garçon sérieux – beaucoup plus que moi -, il n’a pas été jusqu’à se plonger dans les minutes des débats internes des Verts ou du PS ou dans l’intégrale des interventions de M. Mélenchon – voire les controverses idéologiques entre trotskistes.

Sur l’extrême droite, passons : elle semble gagnée par ce « désir de mort » qui anime tous les autres et sur lequel M. Macron fonde son espoir de réélection.
Bref, on va en chier dans les mois qui viennent – et la campagne n’a même pas commencé.

Même M. Lassalle, toujours là pour nous mettre de bonne humeur, adopte un ton solennel qui augure du pire. Que fait Cheminade ? Et Rachid Nekkaz, candidat persécuté en Algérie, retrouvera-t-il son passeport français à point nommé pour se présenter et défendre un programme fondé sur la défense de la burqa et les invectives à Mme Morano ?

Je n’y crois pas beaucoup et m’apprête donc à me faire gravement tartir dans les mois qui viennent. Ça ne m’empêchera pas d’aller voter – j’adore l’isoloir depuis que, petit garçon, j’accompagnais mes parents jeter leur inutile bulletin de gauche à Neuilly-sur-Seine – mais en attendant, je ferme les écoutilles, je lis des livres, je regarde des films, j’écoute de la musique et j’écris mes âneries – dont ceci.

 

Références

Sang chaud, de Kim Un-su (traduit du coréen par Choi Kyungran et Lise Charrin, collection Points Seuil, 8,60 euros) est un chef-d’oeuvre qu’il faut boire goutte à goutte. Pas d’idée sur la fidélité au coréen original, une langue que je pratique peu et uniquement quand un mafieux de Guam me met un couteau à sashimi sur la gorge, mais les traducteurs savent écrire le français.

Après ça, je fais une pause Simenon et je suis épaté : quand tu penses que le rombier écrivait ses polars en quelques jours, pu-tain !

PS. Follohoueurs, follohoueuses de mon coeur, vous savez que le mot « rombier » et l’exclamation « pu-tain ! » sont dédiés à Bizot, follohoueur lui-même, et qui appréciera la marque de son influence littéraire sur moi. Pour ce qui le concerne, il ne m’a pas attendu pour fermer les écoutilles sur les questions de politique intérieure et d’actualité en général. Faut dire qu’il a « presque fini » le livre sur le bouddhisme des Khmers auquel il travaille depuis une cinquantaine d’années. Il veut bien s’interrompre pour promener son chien, lire ou relire un article connexe sur le bouddhisme japonais – qui n’est pas son sujet – ou quelques pages de Proust, mais faut pas lui en demander trop…