LE TRUMP ET LA FUREUR

30 octobre 2017

Les échos sonores et visuels des éclats de l’occupant de la Maison Blanche sont devenus un show télévisé mondial : de ce point de vue –  le seul qui semble le motiver en continu – la présidence de M. Trump est un superbe, un incontestable triomphe. Avant son improbable élection, certains estimaient que sa campagne, vouée à l’échec par ses absurdités, ses outrances, ses mensonges, était la préparation d’un show télévisé pour Fox News ou une chaîne rivale. Trump a fait beaucoup mieux que d’être élu, il a créé son show  quotidien au sein même de la Maison Blanche.

Que cela soit volontaire et cynique ou inconscient et en partie défensif, un de ses ressorts principaux est d’utiliser la colère – y compris celle de ses adversaires les plus acharnés –  en karateka,  afin de faire grimper l’audience. Comme souvent, le cinéma « commercial » avait anticipé brillamment ce moment. J’ai revu récemment Network de Sydney Lumet – un film de divertissement profond et désespéré où le ressort de la montée en puissance du personnage principal est la manipulation des foules par la mise en scène de la colère. Il me semble une référence plus adéquate pour rendre compte des sorties incessantes de Trump, que les sources littéraires souvent citées, sans parler de Shakespeare et Faulkner. La conclusion du film n’est en rien rassurante : le meurtre en direct de la star télévisée sur commandite des puissants qu’il a servis puis dérangés ne serait une vue enviable que pour certains « antifas » frénétiques. L’idéal serait que l’audience baisse – mais on peut craindre le programme suivant presque autant que l’actuel – tant cette fureur est installée et profonde.

Bonus : la scène culte de Network où Howard Beale (Peter Finch) lance la campagne de Donald Trump.
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