Je l’avoue d’emblée, follohoueurs, follohoueuses de mon cœur, je n’ai pas lu le projet de réforme des retraites proposé par le gouvernement et me trouve donc dans l’incapacité de formuler un jugement informé à ce sujet.
S’agit-il de la grande et courageuse réforme qui marquera le deuxième quinquennat de M. Macron ? d’une potion amère, mais nécessaire ? d’un coup de plus du « président des riches » pour promouvoir la « casse sociale » dont il s’est fait le héraut ?
À part ça, j’écoute et je regarde – pas trop, sinon on devient dingue ou abruti, comme un de mes pauvres vieux camarades (99 ans) qui passe ses journées devant les chaînes infos.
Lorsqu’un ministre commence une phrase par « c’est simple » puis s’embrouille, je m’inquiète de déceler un symbole d’amateurisme dans la préparation d’un projet majeur dont la version précédente était si mal ficelée et a généré tant d’hostilité qu’elle a dû être retirée.
Lorsque le jour de la première grande grève, le président remet discrètement à l’Élysée la Légion d’honneur à Jeff Bezos, pas besoin d’être un « nupiste » jusqu’au-boutiste pour y voir un symbole de la déférence devant les puissants de ce monde tandis que les « misérables » défilent. C’est d’ailleurs pendant une nouvelle journée de manifestations que notre président a choisi d’honorer Gisèle Halimi, peu consensuelle figure du féminisme français. Symbole, oui, mais de quoi ? d’une véritable reconnaissance des femmes comme actrices dans la société ? ou d’une manipulation de plus ?
Lorsque le Sénat vote la fin des « régimes spéciaux », sauf le sien, comment ne pas y voir le symbole méprisant de nantis accrochés à leurs privilèges qui, en toute bonne conscience, suppriment les minces avantages acquis de haute lutte par de plus faibles qu’eux. Je repense à ce vieux film italien où un richard explique en substance à son potentiel gendre (Tognazzi ? Gassman ? Manfredi ?) : « Vous les pauvres, vous avez beaucoup plus de chance que nous, les riches, parce que vous êtes solidaires et tout le monde vous plaint alors que nous, les riches, nous sommes seuls et tout le monde nous déteste. »
Lorsqu’un député nupiste pose un pied vengeur sur un ballon à l’effigie d’un ministre, comment ne pas y voir le symbole d’un fantasme d’écrasement ?
Lorsqu’un autre ministre répond à un rappel de faits le concernant par un bras d’honneur, comment ne pas songer au symbole de la dégradation d’une fonction autrefois exercée avec noblesse par un Edmond Michelet, un Robert Badinter ou une Christiane Taubira ?
Il est vrai – autre symbole – qu’avant sa nomination, ledit ministre était un avocat connu pour son choix de clients dans les milieux du grand banditisme et ses déclarations virulentes à l’égard de la magistrature qu’il est aujourd’hui chargé de représenter. On préférerait pour le même personnage s’attacher aux symboles de sa biographie, celle d’un fils d’ouvrier métallurgiste, brillant élève qui finance ses études en exerçant divers métiers comme fossoyeur ou maçon. Caramba, encore raté !
Lorsque le gouvernement, incapable de trouver une majorité, recourt une fois de plus au fameux article 49-3 de la constitution permettant d’adopter un texte sans vote, fait-il de son mieux face à une situation politique et sociale délicate, ou bien décide-t-il d’ignorer délibérément la voix de la Nation ?
Et notre président ? Lorsqu’il refuse de recevoir les leaders syndicaux, est-ce le symbole de « l’homme au-dessus de la mêlée » ou celui du mépris ?
Comme autrefois M. Giscard d’Estaing, au moment de son élection symbole de jeunesse et de renouvellement, achèvera-t-il les dernières années de son mandat sous les insultes, symbole d’une « élite » de privilégiés élus du peuple, mais coupés de lui ? Ou bien parviendra-t-il (mais comment ?) à incarner le symbole du courage réformateur ?
Si cela n’était source d’inquiétude et de chagrin, on sourirait de penser que son héritière présomptive, Mme Le Pen, se présente comme parlant au nom du peuple alors qu’elle est titulaire (en bonne partie par héritage) d’un important patrimoine immobilier.
En attendant, les ordures s’entassent dans bon nombre d’arrondissements de Paris. Après quelques semaines de grève des éboueurs, le symbole de la Ville lumière va-t-il devenir celui de la « ville poubelle » ?