LE CLOU DE STEPHEN KING

17 mars 2009

Stephen King raconte dans son livre « Ecriture » ses débuts d’écrivain. Ils peuvent inspirer n’importe quel aspirant en n’importe quel genre littéraire. Après s’être fait réprimander par à peu près tous ses profs pour avoir régalé ses camarades d’essais au goût douteux (« Je ne comprends pas, Stevie, pourquoi tu t’obstines à gâcher ton talent en écrivant des ordures pareilles »), il finit par soumettre sa première nouvelle à une revue. Elle lui est refusée et il reçoit à l’occasion son premier conseil littéraire : « N’agrafez pas vos textes, préférez les trombones. »
Au fil des mois et des années, King soumet ainsi ses nouvelles à toutes les publications dont il peut imaginer qu’elles pourraient accueillir sa production. Il accroche les notes de refus sans explication à un clou de la caravane dans laquelle il vit puis, quand le clou est plein, il en plante un autre encore plus long. Enfin lui parvient une lettre qui lui fait battre le cœur. Ce n’est pas une acceptation, c’est, enfin, une note personnelle : « This is good. Not for us, but good. You have talent. Submit again. » « C’est bon. Pas pour nous, mais c’est bon. Vous avez du talent. Essayez encore. »
A peu de temps de là, le jeune King vendra sa première histoire pour la somme de 25 dollars.
Il est peu d’écrivains qui n’aient, au début de leur carrière ou plus tard, été refusés avec la même absence de considération. On ne saurait trop encourager ceux qui mettent leur plume (ou leur clavier) dans la trace de ceux qu’ils admirent, à se souvenir de Stephen King, à serrer les dents et à planter un clou dans leur cuisine – sans oublier le conseil utile de ne jamais agrafer leurs textes.

Références: Stephen King, Ecriture (Albin Michel, le Livre de Poche).