Il fallait pour photographier l’insaisissable, le diabolique mistral, un artiste ayant maille à partir (ou à tisser) avec l’invisible.
Est-il vraiment étonnant que cette tentative nous vienne d’une petite fille qui, à huit ans, ayant aperçu Dieu dans un nuage, courut emprunter l’appareil de sa mère pour le prendre en photo ?
Résidente provençale occasionnelle depuis quarante ans, Rachel Cobb en a traqué, appareil en main, le plus fugitif, le plus impopulaire, le plus majestueux, le plus mystérieux de nos hôtes de passage.
Son livre magnifique témoigne avec splendeur de cette quête impossible : cimes agitées des cyprès, oliviers torturés, visages ravinés dont chaque ride se creuse sous son assaut sauvage… Elle a saisi ces instants magiques et terribles, où la bourrasque fait taire tous bavardages, car une force ancienne, indomptée, impose sa loi à la nature et à l’homme.
Pour attraper au vol ces fragments d’éternité? il fallait plus que de la chance : l’audace physique et spirituelle, le talent, la patience.
Référence : Mistral, de Rachel Cobb, Damiani éditeur.