LÀ OÙ LE VENT SOUFFLERA

7 janvier 2019

 

 

Il fallait pour photographier l’insaisissable, le diabolique mistral, un artiste ayant maille à partir (ou à tisser) avec l’invisible.

Est-il vraiment étonnant que cette tentative nous vienne d’une petite fille qui, à huit ans, ayant aperçu Dieu dans un nuage, courut emprunter l’appareil de sa mère pour le prendre en photo ?

Résidente  provençale occasionnelle depuis quarante ans, Rachel Cobb en a traqué, appareil en main, le plus fugitif, le plus impopulaire, le plus majestueux, le plus mystérieux de nos hôtes de passage.

Son livre magnifique témoigne avec splendeur de cette quête impossible : cimes  agitées des cyprès, oliviers torturés, visages ravinés  dont chaque ride se creuse sous  son assaut  sauvage… Elle a saisi ces instants magiques et terribles, où  la  bourrasque fait taire tous bavardages, car une force ancienne, indomptée,  impose sa loi à la nature et à l’homme.

Pour attraper au vol ces fragments d’éternité? il fallait plus que de la chance : l’audace physique et spirituelle, le talent, la patience.

 

Référence : Mistral, de Rachel Cobb,  Damiani éditeur.