DIEU SANS LE SON

12 août 2019

   

 

Quand on a une fois encore survécu à l’expérience des aéroports américains et, qu’essoufflé, on s’assis à sa place, on est prêt à croire au miracle.

Est-ce pour cette raison que Jet Blue, qui nous offre la télévision à bord, me propose la chaîne Fox News à l’heure où des télé évangélistes  nous présentent leurs services. Fasciné ( peut-être, après des décennies de  crasse mécréantise, suis-je enfin mûr pour l’appel du Seigneur ) je néglige de zapper vers les résumés des matches de baseball de la veille et  reste scotché aux shows successifs de Joel Osteen et de David Jeremiah. Déjà un bon point, qui prouve que Dieu n’est pas forcément un mauvais choix de business : ils sont l’un et l’autre leurs propres sponsors (c’est écrit au débutet à la fin)

Joel a un peu la tête d’un type qui  essayé d’être Keanu Reeves et n’a pas réussi à percer. Comme le héros de Speed et de Matrix il dispose d’un répertoire de trois expressions : engageant, intense, et neutre. Là il a un peu la tête du type qui fait une nouvelle photo pour son book afin de relancer sa carrière. Son pote photographe lui a dit « cheese », il a souri de son mieux et son visage s’est figé dans une expression crispée qu’il n’arrive pas à détendre pendant qu’il s’active sur scène.

Joel a son mot clé : HOPE, et après la pub, en bas à droite de l’écran on voit  son adresse web, un numéro de téléphone pour réserver des places pour son prochain grand raout le 5 octobre à Newark.
La botte secrète de Joel c’est sa femme : Victoria, une blonde avenante qu’on aperçoit dans la salle, concentrée, et qui sera sur scène avec lui le 5 octobre, c’est promis. Au cas où on ne l’aurait pas encore compris, Joel croit aux valeurs familiales et cet automne ce n’est pas son show à lui, c’est Osteen family.

Après Joel, c’est la pub, la météo – et puis vient le tour de David.
Après Hollywood, nous voici dans un mix entre le monde médical et l’entreprise. Le docteur David Jeremiah a les cheveux blancs et la bonhomie de votre médecin de famille, celui qui ne prend pas sa retraite et continue à venir à faire ses visites à domicile. S’il a une mauvaise nouvelle à vous annoncer au sujet des dernières analyses de sang, vous sentez qu’il le fera avec autant de délicatesse que d’honnêteté. Avec lui, ça va s’arranger. En plus, Docteur David sait se servir du power point et tout ce qu’il dit, avec des gestes ressemblant un peu à ceux de Joel (bras écartés christiquement, menton en avant) est appuyé par des messages qui apparaissent à l’écran. Pour David, il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions. Dans la vie tout est simple comme 1-2 où 2 est la prière. Pour montrer son sérieux doctoral, David nous offre dans un coin d’écran les sources bibliques de ses citations : Mathieu, certes, mais quel verset ? le veux-tu ? le voici ! et Paul, épatant , j’adore! voici l’épître !

Avant et après la pub, David n’omet pas – comme Joel – de communiquer son site web, un numéro en 1 855.
David aussi a son mot clé : lui, c’est JOY. A vendre, son livre Call it joy, également disponible en CD et DVD ; A venir : The  Joy of Unity, après quoi je subodore l’arrivé de The Joy of forgiveness, en attendant, peut-être coécrit avec Joel, the Joy of family. (inspiré par Dieu, je leur fais cadeau de ma créativité – toutefois s’ils insistent pour une donation, je ne m’y opposerai pas)

Hélas, trois fois hélas[1], le programme de David s’achève – on peut toujours en retrouver la version intégrale sur son site.
Là-dessus, histoire de nous administrer en live la preuve qu’il faut croire aux miracles, l’avion décolle à l’heure.  Pas besoin d’un troisième homme de Dieu, nous avons eu les meilleurs. A la place, Fox nous balance en direct et en exclusivité (c’est écrit en gros en bas de l’écran : EXCLUSIVE) la conseillère vedette du président Trump, Mme Kellyanne Conway. C’est une blonde qui ressemble un peu à Victoria. Je ne sais pas ce qu’elle dit ( la télé sans le son, c’est addictif) mais là où la femme de Joel était ange de douceur et d’harmonie familiale,  Kellyanne a l’air – comme son boss – de la jouer « si t’es pas content tu vas voir ta gueule ». Je ne veux pas discuter le charme un peu prussien de ton autorité naturelle, chère Kellyanne, mais il faudrait pas oublier Dieu dans tout ça. Si tu veux, on peut aller ensemble au show de Joel – pardon : Osteen family) à Newark cet automne. Et en attendant je vais te commander un exemplaire de «  Call it Joy » et te l’envoyer chez  Fox News – tu m’as l’air d’en avoir besoin.

 

Promotion gratuite :

www.joelosteen.com

et le 5 octobre au Prudential center de Newark ( New Jersey) avec Victoria ; @joelosteen(twitter) pour ceux qui sont pris le 5 octobre, il y a toujours sermons.love/joelosteen

DavidJeremiah.org

 



[1] Ceci en hommage à mon ex-compagnon de chambre d’hôpital et ami Valentin, qui peut avoir tendance à commencer ses phrases par «  Hélas » – même si c’est pour commander des pâtes aux cèpes.