Depuis qu’en pleine obsession baleinière romanesque, j’ai visité le «Whaling museum » de Nantucket, j’y retourne à chaque fois que nous avons l’occasion de séjourner sur l’ancienne capitale des baleiniers américains et le centre mondial de cette chasse – l’équivalent, si j’ose la comparaison, de l’île de Gorée pour le commerce des esclaves africains.
1700 marins périrent au XIXe siècle dans cette pêche dangereuse, nous dit un jeune et sympathique conférencier, ce dont témoignent en effet les images en noir en blanc d’un documentaire projeté derrière lui : la chose a peu en commun avec une promenade en barque sur le lac de Central Park. Comme il nous a demandé de réserver nos questions pour la fin, je remballe celle qui me brûle les lèvres : combien de baleines ? En conclusion de son exposé (20 minutes pour 200 ans d’histoire, pas mal !) le chiffre tombe : on estime à trois millions le nombre des baleines tuées dans le monde au XXe siècle. Les rares survivantes ne sont pas rancunières ou, malgré leurs grosses têtes n’ont pas des mémoires d’éléphant : dans les zones où elles sont à l’abri des baleiniers norvégiens ou japonais, les derniers à les pourchasser pour les besoins de la « recherche scientifique », non seulement elles ne fuient pas le contact avec les hommes mais on a observé qu’elles le recherchent. Peut-être sont-elles en mesure, enfin, d’exprimer leur point de vue – voire d’exiger via leur syndicat (SYBACEC : Syndicat des Baleines et Cachalots en Colère, branche française de l’AWU ( Angry Whales United) excuses publiques et réparations ?
Homme (nm): seule espèce animale ayant le désir (et l’inventivité technologique) de massacrer quand ça lui chante non seulement des sous-groupes de sa propre espèce mais aussi des espèces entières
Références :
The Whaling Museum, 13 Broad Street, Town , Nantucket
20 dollars pour les adultes, 5 dollars pour les enfants de moins de 17 ans.
Et bien sûr, toujours, Moby Dick : post à venir sur ce slog.
Mon roman L’Arabe ( l’Olivier, 2009, disponible en collection Folio) décevra les amateurs de romans d’aventures maritimes à la recherche de hardis harponneurs ou d’activisme transocéanique : la seule baleine représente est échouée.