Un père âgé emmène son fils adulte pour des vacances sur une île où il a passé son enfance. Malade, il ignore la gravité de son état : L’Ile.
En Grèce pendant l’occupation allemande, un adolescent tombe amoureux de la fille de ses voisins juifs : Gioconda.
Dans un cas comme dans l’autre, il n’est pas difficile de deviner dès les premières pages que la chute n’entrera pas dans la catégorie « and they lived happily ever after ».
Le père de l‘Ile est condamné par la maladie aussi irrémédiablement que la jolie Gioconda par la proximité des nazis. Dans l’intensité hypnotique de ces deux récits brefs n’entre donc aucun élément de suspense. Dès les premières lignes, nous savons : aucun miracle n’interviendra, le destin s’accomplira – et c’est le coeur étreint par cette certitude que nous lisons.
Ces deux livres m’ont été offerts. Nata m’a simplement mis L’Ile dans la poche ; en me parlant de Gioconda, ma vieille et merveilleuse amie Dominique, prévisionniste économique au coeur tendre et à l’âme romantique, m’a dit que sa lecture avait chamboulé une forme de théorie personnelle de la littérature qu’elle avait développée : dans un livre peu importe l’histoire, c’est le style, la manière de l’auteur qui vont me séduire, me happer. « Et pourtant », a-t-elle ajouté timidement, « j’ai lu ce petit livre dont la seule ambition est de raconter une histoire aussi exactement que possible « derrière un rideau de larmes »
Pourquoi ai-je lu L’Ile en premier ? il était à ma main, au sommet de la pile des dizaines de livres que je me suis promis de lire. C’est en lisant l’Ile que j’ai compris ce que Dominique voulait dire ; et je l’ai ressenti à nouveau en lisant Gioconda.
Je n’ai pas la tentation de faire une théorie – ou un principe – de ces deux expériences aussi brèves qu’intenses mais pour commencer l’année j’avais envie de les partager.
Références :
Giani Stuparich (traduit de l’italien et préfacé par Gilbert Bossetti : L’Ile. (96 pages, éditions Verdier, 5 euros)
Nikos Kokantzis (traduit du grec par Michel Volkovitch): Gioconda (128 pages, l’Aube, 9 euros)