« Sale nègre », « putain de pédé de nègre enjuivé » furent quelques-unes des injures adressées au footballeur Kylian Mbappé après un penalty raté contre la Suisse. Si l’un de ces poètes (coup de bol, un Arabe !) a finalement été identifié et condamné, beaucoup de ceux qui ont relayé ces amabilités sur les réseaux ou sous forme de graffitis dans le métro sont demeurés anonymes. En sera-t-il de même pour les jeunes gens qui ont menacé une jeune transgenre visiblement pas leur genre ? « On va t’égorger, on va te faire une Hitler, suicide-toi, sale pédé, travelo. »
Au moins ses parents n’ont-ils pas, comme ceux d’un jeune homme harcelé qui s’était suicidé, reçu une lettre du rectorat les accusant d’exagérer et d’accuser injustement l’établissement d’inaction. Qu’est-ce que tu veux, ton gosse se suicide, s’il n’était pas prêt à se faire racketter et traiter de sale petit pédé, c’est que ton éducation était insuffisante, tu n’as à t’en prendre qu’à toi-même plutôt que d’accuser les autres.
Pas la première fois, hélas, que nous pouvons noter la confusion des haines homophobes, antisémites, racistes dans un répugnant magma dont il est impossible de sous-estimer le danger, car si les mots de haine ne débouchent pas toujours sur des actes de haine, ils en sont le terreau et les engendrent trop souvent, chez ceux qui les ont prononcés ou ceux qui les ont écoutés. Je sais bien que je n’y peux rien – ni d’ailleurs aucune loi puisque celle-ci existe déjà – mais entre nous, follohoueurs, follohoueuses, ça me peine. En plus faut que je m’y fasse, car, Frankenstein modernes que nous sommes, nous avons entre autres « créatures » inventé les rézosocios où ce poison prolifère et nous observons leurs ravages en nous en désolant, impuissants.
Quoique…
Incapables, selon la remarque ancienne (d’Albert Cohen, je crois) de pratiquer l’impossible et cruelle injonction christique de nous « aimer les uns les autres », nous pouvons toujours aimer mieux ceux que nous aimons, mais pour les autres tâcher de ne point les haïr.
P.S. vive le pape François ! Son Dieu m’a abandonné depuis longtemps, mais son engagement pour les migrants ce n’est pas rien – et puis je sens qu’il est pour l’O.M. même s’il n’ose pas le dire clairement : messe au stade Vélodrome, visite à la Bonne Mère, j’espère qu’il a béni quelques-uns de nos ballons d’entraînement.