BEAU ET CON À LA FOIS

6 janvier 2023

Un article récent du New York Times a démoli Avatar 2, la suite tant attendue du méga son et lumière de James Cameron, dénonçant son exploitation marketing éhontée des thèmes écologiques à la mode. Pourquoi tant de haine ?

J’avoue avoir passé les deux premières heures du film hypnotisé par la beauté de ses images et abasourdi par la puissance du son (Imax 3D, avec mon ami John on avait décidé de mettre le paquet). Certes, fort de ses succès antérieurs au box-office, M. Cameron a bénéficié de moyens colossaux, mais on connaît, de ces gros budgets d’où ont émergé des films à peine regardables. Or comme tant de cinéastes avant lui, comme Méliès, comme Abel Gance, comme Walt Disney, M. Cameron innove à chacun de ses films de façon spectaculaire. Ayant inventé numériquement les personnages et les décors forestiers de la planète Pandora dans son premier opus, il a investi toute son imagination dans la création des décors marins du deuxième. Il s’éclate toujours autant à imaginer de méchantes machines maniées par de méchants humains, mais n’a pas moins d’affection pour ses créatures bleues à longue queue, leurs cousins plus verdâtres des bords de mer, et les poissons, étoiles ou anémones de mer, au milieu desquels ils se meuvent. Il y a de superbes poissons volants et vers la fin on ne peut pas ne pas tomber amoureux du tulkun, avec sa queue de baleine, ses grandes dents, sa riche matière grise (dorée, plutôt), objet de l’avidité de vils trafiquants et son oeil sanguinolent.

Les cinéphiles apprécieront, ici et là, les références visuelles du réalisateur, qui cite assez subtilement tous les classiques du genre, les Moby Dick,les Vingt mille lieues sous les mers, Les Dents de la mer, sans négliger Star Wars. L’interminable duel final entre le gentil ami des Bleus Jake Sully et le crès crès méchant colonel Quaritch rappelle certains classiques du film de guerre, et surtout du western, sauf que son décor est le pont d’un navire de guerre, et non la main street d’une ville de l’Ouest. Je ne vous spoile pas l’issue surprenante du duel. Sachez seulement, follohoueurs, follohoueuses, que Cameron a déjà le 3 et le 4 en route.

À part ça, les rageux peuvent toujours pointer la lourdeur des dialogues, la banalité des « valeurs »  (la famille, y a rien de mieux) et l’enfonçage de portes ouvertes des messages (l’avidité humaine c’est mal, science sans conscience n’est que ruine de l’âme, aimons-nous les uns les autres jusque dans nos différences, la nature c’est beau et il faut la défendre) -, voire le caractère asexué de personnages semblant à ce point démunis d’organes génitaux qu’on se demande comment ils font pour fabriquer tant d’enfants.

Si on pouvait donner un conseil au réalisateur, ça serait de couper un peu plus au montage : 3 h 10 c’est quand même longuet et il y a, surtout après le duel susmentionné, quelques scènes séquence émotion familiale qui ne s’imposaient pas.