AS TEARS GO BY

5 avril 2018

Mon livre est composé, corrigé, imprimé, sorti et, à quelques coquilles près, ne bougera plus : sans m’en dire satisfait (un mot qui indique une satiété que je ne ressens jamais), je peux vivre avec – et les premiers retours (cercle amical d’abord, puis élargi) me procurent joies et larmes d’émotion. Pour le reste, c’est plus compliqué : la vie que je décris dans mon livre, elle, continue, et c’est toujours moi qui la vis : c’est moi qui, il y a deux heures ai dit « au revoir sale con ! » à un cycliste qui empruntait le trottoir et que j’avais arrêté – pédagogiquement, m’avait-il semblé – pour le prier de ne pas faire ça, non seulement pour les invalides, mais pour les autres. Un geste agacé a indiqué tout l’intérêt qu’il portait à ma remarque et c’est au bord des larmes que  je lui ai lâché mon salut  parisien. C’est pas bien d’être grossier – à ma décharge je sortais d’un métro bondé où, ayant oublié ma carte d’invalidité, j’avais dû  quémander un strapontin à deux messieurs agacés d’être interrompus dans leurs conversations téléphoniques respectives.

Même écrire ces quelques lignes n’est pas un  plaisir  – plutôt une soupape pour évite que ces larmes ne clapotent en moi tout le reste de la journée et ne se transforment en amertume, en colère. C’est comme ça et ça ne va pas s’arranger, je le sais.

 

PS. Message à Mme Hidalgo : donner Paris aux roulants non motorisés (vélos, trottinettes, skates) c’est  une chouette  idée, mais pouvez-vous donner à leurs pilotes des yeux pour voir  plus loin que le bout de leurs roues – avec un coeur et un cerveau en option ?