À CHACUN SES MAÎTRES

28 novembre 2023

Pour éclairer son choix de l’insérer en son Dictionnaire, M. Beig nous informe que M. Matzneff fit partie de ses « maîtres » en littérature. Je le lui laisse volontiers.

M’étant toujours tenu à bonne distance (physique et littéraire) de cet exécrable personnage, je ne fais pas partie de ceux qui, de gauche à droite, ont attendu le beau et terrible Consentement de Vanessa Springora pour blacklister celui qu’hier encore, à la suite de Cioran, d’Ormesson et  Sollers, ils couronnaient des lauriers entremêlés de la transgressivité sulfureuse et du grantécrivanisme. « Certes, nous disait-on, ce n’est pas un professeur de vertu, mais quel style ! » Comme eût dit Zazie : le style Matzneff, mon cul !

Dans la grande filière littéraire pédocriminelle française, je vois du style à Montherlant, je vois du style (et plus) à Gide, je vois du style à Jean Genet, à Tournier, mais le style de Matzneff, j’ai tenté d’y goûter en me pinçant le nez, mais please, chaque phrase est ampoulée jusqu’à l’amphigouri, l’ensemble confus, prétentieux, ennuyeux – et je ne parle des journaux où il étalait avec  une complaisante vulgarité les pitoyables détails de son tourisme sexuel !  bref, le style Matzneff, je le laisse à M. Beig, M. Houell et autres.

Après les « grands classiques » jamais morts en mon coeur, mes maîtres français en littérature étaient de jeunes morts encore palpitants de vie – Nizan, Nimier, Camus – et quelques vieux toujours jeunes – Giono, Aragon malgré tout, Gary via Ajar, Gracq of course (moins aujourd’hui), Duras bien sûr (moins aujourd’hui), Beauvoir et Sartre (Les Mots)un peu, Kessel, Cohen Belle du seigneur de moins en moins[1], (ce qui précède, de Solal au Livre de ma mère, de plus en plus), Blondin encore et toujours (tout). J’aimais Vian, comment ne pas ? Mais plus encore Queneau… Delteil et Hardellet aussi, discrets enchanteurs de jardins secrets – et naturellement Modiano, jeune géant timide et magnifique dont une dizaine d’années et quelques chefs-d’oeuvre me séparent – une paille 😊.

Références
Je ne ferai pas l’injure à mes chers follohoueurzéfollohoueuses de leur donner mes conseils sur Giono, Vian et Queneau, Nimier et Blondin ou Gary/Ajar – vous ne m’avez pas attendu. Voici quelques recommandations de Noël sur des auteurs à la notoriété moins établie :
    Pour Hardellet Le Seuil du jardin et Lourdes, lentes, son texte érotico-poétique censuré à l’époque (« L’Imaginaire »Gallimard) ;
    Pour Delteil les Œuvres complètes (Grasset) ou, histoire de s’initier, sa Jeanne d’Arc (« Les Cahiers rouges » Grasset)

À part, et réédités dans « L’Imaginaire »,deux auteurs dont je n’ai lu qu’un livre qui m’a ébloui :
Les Vanilliers, de Georges Limbour ;
La Bâtarde, de Violette Leduc.

Et puis comment ai-je pu ne pas citer plus haut, anges plus que maîtres, les noms de Cendrars et Supervielle, poètes venus à coups d’ailes d’un lointain ailleurs, comme les Mauriciens Malcolm de Chazal et Loÿs Masson ?

Pour les retrouver tous (plus quelques autres), n’oubliez pas ma folie Au commencement (480 pages, 30 euros seulement).



[1] Ma fidèle Malcampo m’avoue n’avoir jamais dépassé le premier tiers.