VOTEZ MENDOZA !

2 novembre 2017

INDEPENDANCE DE LA CATALOGNE : VOTEZ MENDOZA !

 

« J’étais revenu à Barcelone, la tragédie recommençait, c’était partout la même violence et la même haine sans objet (…). Plutôt unis par leurs antagonismes et leurs angoisses que séparés par leurs différences idéologiques, les Espagnols étaient en train de descendre, dans une cohue pleine de confusion, une échelle de Jacob renversée, dont les barreaux étaient une succession de vengeances et la matière un enchevêtrement inextricable d’alliances, de dénonciations et de trahisons qui menaient tout droit à l’enfer d’une intransigeance née de la peur et du crime engendré par le désespoir. »

A l’heure où, à deux heures de vol de chez nous, la Catalogne se mue jour après jour en Catalistan, il est bon de lire (ou de relire) ces lignes écrites par un romancier d’une trentaine d’années – non pas hier dans la chaleur des manifestations et contre-manifestations, mais en 1975, les yeux tournés vers l’Espagne de l’avant et après Première Guerre mondiale. La vérité sur l’affaire Savolta était le premier roman d’un écrivain espagnol né à Barcelone, la «ville des prodiges», restée son héroïne au fil d’une oeuvre intensément personnelle et tranquillement universelle, avec ses personnages de misérables puissants et de pauvres, de prêtres masturbateurs, de criminels à l’âme pure, de policiers en proie au doute, de prostituées et de nonnes, de princesses vraies ou fausses. Qu’ils soient amples ou plus ramassés, de tonalité plutôt dramatique ou comique, historiques ou policiers, les romans de Mendoza sont un délice littéraire inépuisable, une comédie humaine moderne, une méditation souriante sur notre condition, une démonstration d’absolue liberté qui, à défaut de descendre dans les rues, danse à chaque ligne et nous laisse, la dernière page tournée, les yeux rouges de tristesse et de joie. On ne sait ce qui demain adviendra de MM. Puigdemont et Rajoy –  sans le savoir, sans s’en douter, tout vibrant de fureur, ils ont déjà rejoint la cohorte des fantômes du pouvoir qui, génération après génération, hantent les romans de Mendoza.