Au village, l’été ressemble encore à l’été. Des vents du sud nous amènent bien des sables du Sahara qui laissent des dépôts jaune orangé un peu collants sur les chaises, les tables et l’auto qu’on venait juste de laver. Étonnant que le Front n’ait pas encore dénoncé ces migrants, ces clandestins qui ignorent les frontières et viennent mettre le guai[1] chez nous. Pour les arrêter, que proposer ? un double mur ? un triple mur ?
Penser que nous avons été « soulagés » que le Front, devenu premier parti de France, n’obtienne « que » 30 % des voix aux élections européennes, et « seulement » 125 sièges dans la nouvelle Assemblée nationale.
Le pire n’est pas là.
Ce n’est même pas qu’un parti de fachos marginaux violemment antisémites soit passé en un demi-siècle de moins de 200 000 voix (Le Pen, présidentielle de 1974) à la quasi-majorité absolue sur le plan national.
Le pire n’est pas que sous couvert de « rénovation » ce parti continue à être le lieu de villégiature et militantisme favori de nazillons décomplexés, de racistes, d’antisémites, d’homophobes impénitents.
Le pire n’est pas que face à cela les partis dits « républicains » n’étalent leurs divisions, leurs rivalités personnelles et ne fassent assaut de démagogie.
Le pire, franchement, ce n’est même pas qu’à la prochaine on trouvera normal qu’ils passent ; on en viendra presque à regretter Macron comme on regrette Hollande ou Chirac – ah ! c’était le bon temps…
Le pire ce n’est pas qu’au fil du temps une anesthésie collective nous ait gagnés. Ouais bon, tous les mêmes, tous des voleurs, alors ceux-là plutôt que les autres, hein…
Le pire, je le respire au village, où la parole « se libère ». Version soft, un jovial boulanger clame que « Zemmour, lui, au moins, dit la vérité ». Version hard, ce qu’un imbécile de rugbyman a lâché (« le prochain arabe que je croise, je lui mets un coup de casque »), beaucoup de gens le pensaient mais n’osaient pas le dire. Sur le marché la joviale vendeuse, à la terrasse du bar le jovial joueur de cartes le disent sans complexe, et si on leur en fait la remarque prétendent comme ledit rugbyman que c’était une « blague ». Le Pen aussi blaguait et je ne trouvais pas ça drôle – antisémite le fachobarde ? non, faut-y avoir mauvais esprit… Avant de se débarrasser d’un militant de cette opinion, M. Bordella lui-même trouvait seulement « maladroit » son inspirateur en politique.
Celle du pauvre Melvyn Jaminet non plus ne me fait pas rire. On n’a même pas le courage de rappeler à ces abrutis que le prochain Arabe qu’ils croiseront ne sera pas un « islamo-terro » mais un jeune homme à l’arrière du camion-poubelle, au boulot dans les champs, sur leur chantier ou leur route par une température de 40 °C, à l’heure où ils font la sieste ou boivent leur quinzième Ricard. La protestation silencieuse c’est de ne pas rire, d’aller acheter sa salade ou son pain ailleurs.
La boîte des vents mauvais est ouverte et ils soufflent dans toutes les régions, aussi violents et incontrôlables que les tornades et les orages de grêle.
Et ça, putain de moine, ça ne va pas s’arranger…
P.S. J’attends le moment où le pauvre « Donald », comme l’appelle maintenant « Sleepy Joe » Biden, va plus ou moins directement accuser les « crooked Dems[2]» d’avoir commandité le tireur maladroit dont la balle lui a rasé l’oreille. De toute façon Trump est un zombie et pas besoin, comme mon ami Vincent le « king », d’avoir vu des centaines de films de zombies pour savoir que les balles qui atteignent les zombies ne les tuent pas mais les renforcent, les rendent encore plus vindicatifs et dangereux. En revanche, si Joe voulait bien partir se reposer et laisser la place, on lui dirait au revoir et merci.
[1] Le dawa en patois, le bordel en bon français.
[2] « Hillary and the crooked Dems » : « Hillary et les démocrates malhonnêtes ». Hillary (Clinton) est en retraite mais il reste des Démocrates… et chacun sait qu’en matière familiale Donnie est un parangon de vertu et en affaires un modèle de rigueur éthique.