L’exposition consacrée par le MET à la Jérusalem médiévale ferme ses portes dans quelques jours.
Utilisant les ressources de nombre de musées israéliens en même temps que les moyens photo et vidéo modernes, l’expo valait la visite, malgré les foules qui s’y pressent, faisant un luxe sportif dangereux de s’attarder devant un manuscrit enluminé ou une étrange et belle image du prophète Mahomet arrivant au paradis.
Pour ceux qui l’oublieraient, en ces temps où les gouvernants israéliens veulent faire de la ville la capitale du Grand Israël, l’exposition a le grand mérite de rappeler à quel point elle fut le carrefour de tous les rêves d’au-delà des trois « religions du Livre ».
La promenade vaut même si son intitulé de « EVERY PEOPLE UNDER HEAVEN » (chaque peuple sous le paradis) a de quoi troubler tous ceux qui connaissent un peu les lieux – bien des documents et des témoins nous présentent une harmonie qu’on est loin d’y ressentir – et pas seulement à cause de la coexistence si peu pacifique en ces murs entre Juifs et Musulmans. Que de violences au fil des siècles pour posséder les clés de ce paradis ! Il en est peu de traces dans les salles bondées du MET, où tout est mis en scène pour un céleste concert divin.
Pour les nombreux visiteurs en kippa, ils ont dû ressentir de la déception car la ville qu’on nous montre est peu juive : le Times of Israël l’explique dans un commentaire critique empreint de modération : entre croisades et jihad, la communauté juive de Jérusalem s’est trouvée l’objet d’une forme de nettoyage ethnique ; comme dans la Syrie d’aujourd’hui, les « Monsieur Propre » de toutes obédience font tomber les pierres et brûlent les manuscrits avec la même facilité qu’ils font couler le sang…
Là où les curateurs avaient pris soin d’évacuer tout conflit, les hommes se sont chargés de nous rappeler aux évidences de leur folie : un traiteur juif et un palestinien ayant été choisis pour la soirée inaugurale, certains se sont émus de ce choix bigame scandaleux. La polémique s’est prolongée dans certains commentaires : sous le prétexte du financement en partie koweitien de l’expo, elle serait un exercice en négationnisme anti-chrétien et antisémite – un show de propagande islamique, si ce n’est jihadiste.
Ô Jérusalem !