Optimistes et pessimistes dansent depuis toujours un tango.
J’ai des amis chers dans les deux catégories. Essayons de deviner comment ils réagissent face au début de la fin du confinement – ou à la fin du début du déconfnement. Où finit le début et où commence la fin ? Vaste débat qui fera (ou pas) l’objet d’un prochain post
Les optimistes radicaux pensent que ce n’est pas un petit machin de virus qui va interrompre la grande transformation de l’homme annoncée par le scientifique/religieux Teilhard de Chardin, matière et esprit enfin réconciliés finiront bien par accoucher du véritable être humain attendu depuis des millénaires, les pieds dans la terre et la tête dans les étoiles. On en aura enfin fini de la terrible dualité corps-esprit : incarnés en nous-mêmes, reliés au plus profond de notre histoire et attirés au plus lointain de nos rêves, nous pourrons libérer la puissance atomique créatrice de l’énergie spirituelle qui vit en nous depuis le premier jour et l’éparpillement initial de la matière qui nous constitue.
Les optimistes à vue courte n’ont pas ces perspectives cosmiques : ils pensent que tout va s’arranger – et recommencer comme avant.
Les optimistes religieux pensent que le Seigneur/Allah/ Elohim/Vishnou (ici, cocher la case adéquate) nous sauvera si nous décidons de suivre désormais le droit chemin, et punira les mécréants/infidèles/Arabes/Juifs (cocher la ou les cases adéquates).
Les optimistes béats pensent que le progrès médical permettra de surmonter cette crise et de prévenir les suivantes.
Les optimistes progressistes pensent que le monde aura appris de l’épreuve – les systèmes de santé seront améliorés, les monstres financiers priés de se bouffer nos pseudo-dettes.
Les optimistes écolo-humanistes pensent que chaque individu émergera de cette crise avec une réflexion plus profonde sur l’impact de nos comportements individuels sur la planète.
Les optimistes européens pensent que l’Europe saura resserrer les rangs et se montrer solidaire.
Les pessimistes radicaux pensent qu’entre virus en folie, flicage numérique, et dérèglement climatique on va vivre l’enfer : après le COVID 19, le COVID 20, tout ça sur fond de réchauffement climatique. En comparaison, les univers post-apocalyptiques type Blade Runner, Independence day, ou Mad Max sembleront un éden.
Les pessimistes religieux pensent que tous nos malheurs sont la punition du Seigneur/Allah/Elohim/Vishnou (ici, cocher la case adéquate) qui punit l’humanité pour ses fautes.
Les pessimistes écolo-humanistes se lamenteront qu’une fois de plus l’homme ait manqué l’occasion de comprendre, qu’encore et toujours, il étale ses instincts destructeurs.
Les pessimistes complotistes pensent que tout ça, c’est la faute des Chinois/ des Juifs/ des Arabes/ des Américains/ des Russes/des Slovènes/des Belges (cocher la case adéquate).
Les pessimistes souverainistes réclameront la fermeture des frontières.
Les pessimistes progressistes pensent que les « dark forces » de l’ultra-libéralisme vont se saisir du prétexte du virus pour approfondir leur entreprise d’asservissement du peuple.
Pour finir, une histoire drôle (en tout cas elle me fait rire, moi) :
L’optimiste et le pessimiste sont tout au fond du fossé, les pieds dans un immonde mélange de merde et de boue, les chevilles enchaînées. A supposer que par un miracle de volonté et d’ingéniosité ils réussissent à s’arracher à la fange dans laquelle ils baignent, c’est le déluge de feu au-dessus de leurs têtes qui les attend. Ils poussent en choeur un soupir à fendre l’âme.
Le pessimiste : « Ça pourrait pas être pire. »
L’optimiste : « Si. »
P.S. je connais des complotistes et j’en croise mais j’ai pas d’amis complotistes – que je sache.
PPS. Mémoires d’outre-tombe : j’en suis au livre XV.
Pessimiste : seulement ? tu ne finiras jamais ! Optimiste : quelle merveille, encore vingt livres à baigner dans cette écriture sublime !