Entre deux viols d’enfants, la radio m’informe ce matin qu’un handicapé en fauteuil s’est fait faucher par un train sur les rails où il était coincé. «Impossible de traverser les voies par la passerelle», nous dit le maire de la ville, «car les travaux d’accessibilité ne sont pas encore réalisés.» La SNCF s’est engagée là-dessus et a obtenu un délai – dommage que notre handicapé, sa femme enceinte de sept mois et leur ami, n’aient pas attendu 2024 pour prendre le train, sinon ce drame aurait été évité. Les gens sont pressés, c’est terrible.
Pour en rester à du quotidien handicapé (même délesté de mon fauteuil, je reste sensible, voire hyper-sensible au sujet), quelques exemples du bonheur de l’accessibilité au quotidien dans mes lieux de résidence favoris :
À Paris, mon antenne de la Sécurité sociale est au premier étage d’un immeuble. Ascenseur vaste, largement assez d’espace pour un, voire deux fauteuils. Accueil prioritaire souriant et efficace. Seul détail : le hall d’entrée de l’immeuble est situé au sommet d’un grand escalier… pas de rampe, pas de moyen de monter.
Dans le métro, peu de stations sont équipées d’ascenseurs. Le RER, c’est mieux : à Noisy le Sec ( ligne E), où je me suis rendu pour prendre des leçons de conduite sur véhicule aménagé sous l’égide de la fondation Sainte Marie, il y a deux ascenseurs, un pour chaque sortie : le premier est indiqué «en travaux pour une durée indéfinie», le deuxième ne marche pas ; sûrement y a-t-il de l’espoir pour 2024 ; en attendant, amis roulants, ne vous déplacez pas sans Sébastien Chabal et un de ses potes, sinon prenez le bus en espérant qu’un automobiliste ne s’est pas garé pile à l’endroit où la plateforme descend…
A Fontvieille (Bouches du Rhône)
Les trottoirs n’étaient pas larges dans mon enfance et ça ne s’est pas arrangé, d’autant que l’obsession de l’automobile règne : trottoirs inaccessibles pour cause de construction de places de parking ou de voiture garée sur le trottoir devant la boulangerie (« il en a pour deux minutes, pas d’impatience, monsieur le Parisien ») ; chaussée inaccessible pour cause de traversée du village par toutes les catégories de véhicules. Quand je croise une mamie terrorisée qui fait la pause contre un mur, je la salue en frère de misère ; nous attendons, elle et moi, que le trafic ait diminué pour faire le tour par la route, canne en avant.
Inutile de râler, tout ça rend optimiste : le futur glorieux de l’accessibilité est tout proche. Après tout, 2024 c’est demain, non ?