LETTRE D’INSULTES

19 novembre 2010

Il y a quelque temps, j’ai reçu une lettre d’insultes d’une dame à propos de mon roman « l’Arabe », m’accusant de voir le mal partout, d’avoir l’esprit diaboliquement tourné et me souhaitant tout l’insuccès possible.

J’aime bien – comme la plupart des écrivains – que l’on m’écrive et j’ai entrepris de répondre à cette dame malgré son peu de goût pour ma prose. J’ai plusieurs projets de lettres mais je ne suis pour l’instant pas résolu à en envoyer un seul – peut-être devrais-je les lui envoyer tous en même temps, une liasse de réactions qui témoignerait de la variété de mes humeurs, depuis une forme de compréhension empathique (mais oui, c’est affreux, vous savez que cela me dérange aussi terriblement !) jusqu’à l’irritation totale (pauvre crétine, vous pouvez toujours faire semblant mais la réalité vous rattrapera) en passant par l’incontournable leçon de littérature (Camus lui-même racontait, etc.)

 Il y a toujours dans ces lettres quelque chose qui ne me plaît pas, sans doute ce qui reste d’une tentative de me « défendre » alors que ça n’a pas beaucoup de sens. Des écrivains – et de plus grands que moi – ont toutefois parfois saisi ces occasions d’une attaque, privée ou publique, pour s’expliquer, préciser, approfondir. Leurs lettres deviennent dans ce cas une sorte d’appendice à l’œuvre.

Je ne trouve pas qu’elles y ajoutent grand-chose et, en tout cas, j’en suis toujours à m’interroger sur le mystère des circonstances de l’apparition de mon histoire, et la nature des certitudes qui m’ont accompagné au long de sa rédaction, pourtant chaotique, et pleine de souffrances physiques déplaisantes et inattendues. Il est possible qu’on n’écrive pas les livres qu’on aimerait lire.

Ce qui restera de tous ces brouillons c’est sans doute une phrase, une seule : « Je sais bien – mais c’est ainsi. »